UNE MODE PLUS RESPONSABLE : L’OBJECTIF DE FASHION CUBE
Depuis plus d’un an, les entreprises de Fashion Cube entreprennent pour rendre la mode plus responsable. Christian KINNEN, Responsable RSE au sein de Pimkie, a aussi la charge de développer le projet CUBE. Son objectif : favoriser la relocalisation de la production de jeans éco-responsables en plein coeur de la métropole lilloise. Il nous a accordé quelques minutes pour nous en dire plus sur le projet et son avancement.
Fashion Cube, le Cube… qu’est-ce qu’il se cache derrière chacun de ces noms ?
C.K. : Fashion Cube est un écosystème de marques comprenant Pimkie, Jules, Brice, Bizzbee, Rouge Gorge, Grain de Malice et Orsay pour les entreprises de mode ainsi que Fashion Data qui met l’intelligence de la data au service des enseignes mode et lifestyle. Cet écosystème comporte des équipes par marque et une petite équipe a été créée au sein de Fashion Cube. Le but est de partager les bonnes pratiques. Notre objectif initial est de ne produire uniquement ce que nous vendons. C’est une mission “zero waste” : zero talent waste, zero waste of profitability et zero waste pour la planète. C’est un objectif que nous nous sommes donné dès la création, il y a trois ans.
Le Cube est le nom du projet que nous développons actuellement. Nous pourrons très prochainement dévoiler le nom final de ce projet. Son ambition est de produire en France des produits vendus à un prix très proche et avec la même profitabilité pour les marques, que les produits fabriqués en Asie. Au cours de mes recherches, j’ai découvert un article sur une société américaine qui avait automatisé la production de ses T-shirts.
A partir de là, nous avons recherché un partenaire pour avancer sur une technologie moins récente mais qui avait l’avantage d’exister. Cela nous a permis d’accélérer le projet sur la partie jean. Notre projet est donc de produire des jeans Made in France, et surtout produits sur la métropole lilloise. Nous devons pouvoir les vendre dans les magasins des marques de Fashion Cube, en adéquation avec nos gammes de prix pratiquées soit avec un écart maximal de 20% par rapport aux produits équivalents fabriqués en Asie, tout en préservant l’environnement, en développant un axe social fort, car nous voulons que cela soit un outil d’inclusion et créer des emplois dans les bassins sur lesquels nous distribuons.
Pourquoi avoir justement fait le choix de la métropole lilloise ?
C.K. : De par le passé de l’industrie textile et l’implantation des marques de Fashion Cube sur le territoire de la métropole, notre choix c’est naturellement porté sur le Nord et plus particulièrement la MEL.
Quels sont les enjeux d’innovation pour la filière textile ? Cette usine est-elle l’une des réponses ?
C.K. : Dans l’usine nous ferons la coupe, l’assemblage, le délavage car c’est là où nous avons beaucoup d’impact de main d’œuvre et qu’il faut démontrer que nous pouvons faire du Made in France pas cher, à grande échelle. L’objectif sera d’intégrer la filière en amont pour réaliser une production 100% locale. Nous voulons partir des vêtements dont les gens ne veulent plus : une partie part vers la seconde main et une seconde possibilité est de refaire du fil à partir de ces vêtements pour créer du tissu et partir de cette matière pour fabriquer des vêtements. C’est l’enjeu de Fashion Cube : arrêter de consommer des ressources vierges.
Jules a d’ailleurs mis en place une gamme de vêtements en upcycling produits avec l’atelier Résilience à Roubaix, tout comme Pimkie. Nos marques ont conscience que leur business model doit évoluer et se challengent pour ne pas consommer des ressources vierges. Cela peut aussi bien concerner des évolutions sur la matière, que de ne plus produire de produits neufs, développer la seconde main ou faire de l’upcycling. Pour nous, le grand enjeu est une mode plus responsable.
Vous avez sollicité la MiE, au côté d’autres partenaires, pour le développement du projet Le Cube. Qu’en retirez-vous ?
C.K. : Ce que nous apprécions dans nos échanges avec la MiE c’est le professionnalisme des équipes. La MiE a très vite pris le rôle de chef d’orchestre pour la mise en réseau des tous les partenaires qui étaient prêts à nous aider. La simplicité des relations et la bienveillance ont facilité l’avancée du projet.
Avec ce projet, nous raisonnons “glocal” ; nous avons donc besoin de nous ancrer dans les territoires dans lesquels nous sommes présents. Le sens du projet c’est aussi d’aller vers plus de proximité avec les systèmes locaux. Lorsqu’on parle de relocaliser la production, nous revenons dans une démarche locale et cela s’applique aussi sur le volet emploi et sur la relation avec d’autres industriels de la région.
Le Cube c’est le début d’une aventure que nous espérons longue et couronnée de succès et pour cela, la MiE s’est montrée à la fois réactive, souple et de bons conseils.
Quelles sont les prochaines phases du projet ?
C.K. : Nous venons de recruter, grâce à l’appui de la MiE, notre directrice d’usine qui nous rejoindra dès le mois de juin, et nous allons maintenant poursuivre les recrutements pour les postes d’encadrement. Dans le même temps, nous devrions finaliser le choix de l’emplacement de la future usine.
L’usine Le Cube fonctionnera par petits modules de production qui sont en hyper-proximité avec les consommateurs. Lorsque ce projet aura démontré son efficacité nous pourrons nous déployer et avoir par exemple Le Cube Lille, Le Cube Bordeaux, Le Cube Berlin… car l’objectif n’est pas d’avoir un site qui produira pour la France entière ou l’Europe.
Une autre possibilité de développement sera la duplication de ces initiatives à d’autres catégories de produits. Nous nous interrogeons beaucoup sur le coton dont la production a un impact très négatif sur l’environnement car cela contribue à la déforestation et nécessite beaucoup d’agents chimiques, d’eau. C’est pour cela que nous réfléchissons à développer le projet dans un second temps sur le T-shirt car comme le jean, ce sont des pièces iconiques de la garde-robe.
Enfin, demain, l’usine pourra être ouverte à d’autres marques. Si Kiabi, Auchan, Tape à l’oeil, Promod, Camaïeu ou d’autres veulent utiliser cet outil, ce sera ouvert. En effet, c’est aussi un centre de compétences, de savoir-faire autour du denim. Nous voulons aussi pouvoir en faire un lieu ouvert, transparent pour pouvoir accueillir des clients, des institutionnels ou d’autres enseignes grâce à des fablabs par exemple. Le but du projet, c’est de démocratiser le Made in France.
LE CUBE EN BREF :
→ 7 marques de la mode impliquées dans ce projet
→ 410 000 jeans produits annuellement à compter de la 3e année d’exploitation du site
→ 120 emplois estimés
→ 6% des volumes des ventes de jeans de Fashion Cube
→ Ouverture de l’usine prévue au dernier trimestre 2021
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